Prendre la relève d’une entreprise agricole peut se faire sans difficulté pour certains, mais cela peut devenir un défi de taille, voire même un cauchemar pour d’autres. Depuis plusieurs années, les conseillères CRÉA rencontrent des relèves animées par le désir de vivre leur passion de l’agriculture, par le rêve de reprendre la ferme familiale, par le besoin de travailler avec la nature, par la possibilité de travailler avec les membres de leur famille, par le désir d’être son propre patron ou autre…

Dans certains cas, tout se fait en douceur; la relève arrive au bon moment, les parents sont prêts à passer le flambeau (ou à partager celui-ci) et à tenir un autre rôle au sein de leur entreprise. La planification financière et l’évolution de l’entreprise permettent l’arrivée d’une relève intéressée et intéressante.

Comment se fait-il que, parfois, le rêve tant chéri en arrive à se transformer en cauchemar? Il peut y avoir beaucoup de facteurs à considérer. Plusieurs éléments peuvent jouer un rôle déterminant dans cette descente aux enfers. Un manque de communication ou encore l’absence de planification sont souvent des facteurs déterminants qui peuvent conduire une entreprise et une famille à leur perte.

Avant une association, même lorsqu’il s’agit d’une association entre parents-enfant, il est primordial d’instaurer au sein de l’équipe de transfert une saine communication. L’information pertinente à l’avancement et à la progression de la ferme doit être disponible à tous. Il est nécessaire que chacun puisse s’exprimer librement et respectueusement et que chaque associé ait la capacité d’écouter et de considérer le point de vue de l’autre.

La planification occupe une place importante dans le maintien de la pérennité d’une entreprise vivant un changement de propriétaire. Que faire si une relève démontre, dès l’âge de 15 ans, de l’intérêt pour la ferme? D’abord, il faut l’amener à réfléchir sur ses objectifs relatifs à l’entreprise et à se questionner quant à ses projets concernant la ferme familiale. Il est alors souhaitable d’analyser le positionnement de l’entreprise afin de permettre l’arrivée d’une relève dans les années futures : expansion, diversification… Les parents doivent aussi se demander s’ils sont prêts à céder de la place à leur enfant, car s’ils ne souhaitent pas intégrer de relève, il est préférable de le savoir au plus tôt. Ainsi, la relève pourra orienter sa carrière en fonction de cette décision. Si aucune réflexion ou aucun dialogue n’est amorcé concernant la vision de l’entreprise, les objectifs personnels, familiaux et d’entreprise, le rêve de partager une ferme peut devenir un cauchemar.

Le transfert d’entreprise est, sous certains aspects, comparable à un jeu de cartes. Si tous connaissent les règles avant de commencer, tout se déroulera sans doute dans l’harmonie. Si les règles changent en cours de route, il est primordial que tous les joueurs soient au courant et adhèrent à ces changements. Surtout, personne ne doit cacher des cartes ou tenter de tricher. Finalement, les deux questions les plus importantes à poser avant même de débuter la partie sont :

  • Est-ce que tous les joueurs autour de la table veulent jouer ensemble au même jeu?
  • Est-ce que tous ceux qui veulent jouer sont assis autour de la table?

Ces deux petites questions pourraient permettre d’amorcer les réflexions et discussions permettant à votre famille de voir son rêve se transformer… en réalité.

À noter : le défi intergénérationnel est la thématique retenue par la FRAQ cette année, et sera notamment traitée lors d’un panel interactif au Congrès de la Fédération le 11 mars prochain. Brigitte Paré, conseillère CRÉA, sera notamment des nôtres pour en discuter.

 

Par Céline Lafortune, révisé par Cynthia Doyon
Conseillères accréditées par Regroupement des CRÉA du Québec