Audrée Dufour est une nouvelle arrivante en Gaspésie qui mijotait de démarrer un projet agricole depuis quelques années. Les choses se mettent en place en 2020 avec le contexte pandémique et l’achat d’une terre agricole à Cap d’Espoir. Voici notre entrevue avec Audrée sur le démarrage inspirant de son entreprise, La Réserve végétale.

Comment a débuté ton projet d’entreprise?

En 2020, Jean-Philippe Arsenault est président de la relève agricole Gaspésie-Ile-de-La-Madeleine, mais c’est d’abord comme propriétaire du centre Jardins Fleuris et comme employeur que je l’ai connu. Je travaille quelques heures au centre jardin de façon saisonnière; c’est un emploi que j’aime beaucoup et Jean-Philippe apprécie mon expérience de travail durant la période achalandée. Connaissant mon désir de m’établir en agriculture, c’est avec plaisir qu’il accepte de devenir mon mentor « officiel » lorsque je lui demande à l’automne 2020 dans le cadre de la rédaction de mon plan d’affaires.

Comment fonctionne ton mentorat ?

Au départ, je lui envoyais mes questions par courriel et nous avons eu des rencontres pour mettre de l’ordre dans mon plan d’affaires; le scénario normal qu’on s’attend du mentorat. Puis, au fil de la clarification de mon idée d’affaires et des discussions, le mentorat s’est transformé en une collaboration beaucoup plus importante!

Quelle a été cette collaboration?

Jean-Philippe m’a donné la possibilité de faire ma production de pousses à même sa serre de production. Cela me permettait de « tester » la production et valider le marché sans avoir à investir dans des installations et de l’équipement coûteux dès la première année. J’ai dès lors pu monter un plan d’affaire réaliste qui me permettait un démarrage d’entreprise en concordance avec mes capacités et mes besoins. En résumé, j’allais avoir une première phase dans les installations du centre jardin, puis une deuxième phase impliquant la construction d’un bâtiment de production et l’implantation d’un verger de petits fruits sur mon propre terrain en 2022.

Après ta première saison en collaboration, qu’est-ce que tu retires de ce modèle de démarrage?

Aujourd’hui, je peux dire que cette collaboration a permis la réussite du démarrage de mon entreprise. Bien plus qu’une simple location d’espace de serre, la Réserve Végétale est née comme une petite activité au sein d’une plus grande entreprise. J’avais accès aux espaces de travail adaptés pour les semis et la récolte, Jean-Philippe m’a installé une sortie d’eau pour mes pousses, j’ai pu faire des commandes auprès de ses fournisseurs en partageant les frais de livraison, j’ai utilisé un de ses réfrigérateurs et j’avais même un petit espace d’entreposage.

Dans tes mots, qu’est-ce qui était la plus grande plus-value de ce partenariat?

Un aspect important de cette collaboration fut le support que j’avais au quotidien. Même si je suis seule dans mon entreprise, je côtoyais « mes collègues » du centre jardin tous les jours. Le café du matin permettait de jaser de nos défis et de trouver des solutions ensemble. Jean-Philippe était toujours disponible pour répondre à mes questions et c’était quelque chose de sécurisant.

Qu’est-ce qu’il faut pour qu’une collaboration fonctionne?

D’abord et avant tout, il est primordial d’avoir une bonne entente et un respect mutuel entre les deux parties. Aussi, chaque partie doit voir des avantages à collaborer. Dans le cas présent, on avait convenu d’une compensation monétaire pour l’utilisation des infrastructures, mais le plus important pour Jean-Philippe, c’était que j’étais disponible pour travailler au centre jardin lors de la période achalandée. Considérant la pénurie de main-d’œuvre, c’est une contrepartie qui peut avoir beaucoup de poids pour un entrepreneur.

La clé du succès selon toi, c’est quoi?

Chaque partie doit avoir à cœur le succès de l’entreprise de l’autre.  Jean-Philippe, par son implication dans la relève agricole et par son naturel généreux, était vraiment impliqué dans le succès de mon entreprise et je le sentais. Il cherchait avec moi des solutions à mes problèmes et souhaitait autant que moi la réussite de cette première saison. En contrepartie, je voulais également participer au succès du centre jardin en me rendant disponible, en ayant à cœur la production d’annuelles et en participant aux discussions pour améliorer la gestion de l’entreprise.

 

Un dernier mot pour la fin?

J’espère que ce témoignage pourra inspirer les producteurs et la relève agricole à mettre en place d’autres collaboration telle que celles-ci. Je suis certaine que chacun peut sortir gagnant et grandit d’une telle expérience.

Je veux aussi dire un merci spécial à mon mentor, Jean-Philippe Arsenault!

 

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