Nous voici déjà rendus aux portes de l’hiver. Une période charnière au niveau syndical avec une multitude de représentations et de rencontres, dans le but de toujours persévérer dans l’amélioration des conditions d’établissement des jeunes passionnés d’agriculture. La dernière année nous aura permis de travailler notre patience. Malgré toute notre bonne volonté, plusieurs choses restent en suspens, et en ce qui concerne la relève, l’inaction de notre gouvernement règne.
Tout d’abord, nous attendons avec impatience les résultats de la CAPERN concernant le dossier de l’accaparement des terres agricoles. Nous espérons des résultats dignes d’un leader qui a été assermenté avec le mandat de trouver une solution concrète à ce phénomène. Pendant que des réponses se font attendre, les rumeurs s’intensifient sur une possible acquisition dans le Kamouraska, et la pression de certaines villes s’accroît sur nos terres agricoles.
Ensuite, il y a le fameux rapport Pronovost, derrière lequel tout le monde se cache. Depuis des mois, nous ne parvenons pas à travailler avec le MAPAQ et La Financière agricole, qui attendent les recommandations de ce rapport. Nous avons hâte que ce moratoire finisse et que les propos de la FRAQ soient à nouveau pris en compte, car avec un historique aussi chargé que le nôtre et toute l’expertise que nous possédons sur la relève agricole, nous ignorer est d’une incompréhensible incohérence. Encore plus avec notre mémoire Les aspirations et les besoins des jeunes pour nourrir le Québec de demain, qui n’aura jamais autant poussé la réflexion sur le dossier de la relève agricole. Rappelons notamment que 18 groupes spécialisés ont collaboré et plus de 700 jeunes ont été sondés par une firme indépendante.
J’ai commencé mon mandat de président de la FRAQ presque au même moment que la nomination de monsieur Paradis, à titre de ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, voilà presque deux ans. Je n’ai eu l’honneur de croiser monsieur Paradis qu’une seule fois lors d’une visite de courtoisie sur ma ferme. Depuis, votre fédération n’a jamais eu la chance d’échanger avec lui. Une absence remarquée à notre congrès en mars dernier et aucune réaction à notre invitation au Grand Rassemblement de la relève agricole, encore moins à la réception de notre mémoire. Monsieur Paradis se dit pourtant près des producteurs et place la relève agricole comme une priorité pour le gouvernement libéral en place. Nous avons besoin de plus que quelques « selfies » et apparitions dans la Vie agricole.
La patience est une vertu. Elle a cependant ses limites quand il s’agit de ceux qui veulent nourrir le Québec de demain. Il est question de la pérennité de notre agriculture, du contrôle de nos outils de production, du dynamisme de nos régions et du futur de l’assiette des Québécois. Les citoyens ne seront pas toujours dupes et nous allons devoir travailler à ce qu’ils ne le soient pas, pour notre bien à tous et celui de nos enfants.
Pascal Hudon
Président de la FRAQ