Un transfert d’entreprise singulier sur l’Île-d’Orléans

Des jeunes pousses destinées à gravir les plus hauts marchés !

 

Le 1er novembre dernier, Marc-André Bouchard et sa conjointe, Daphnée Guillemant, avaient raison de jubiler. Soulagés, ils venaient enfin de récolter les fruits de leur persévérance. Après avoir mis les bouchées doubles pendant dix mois de travail et quatre ans de recherches intensives, ils sont aujourd’hui sur le point de réaliser leur rêve de devenir propriétaires d’une entreprise agricole. Ils n’ont pas pris la « voie royale » du transfert familial, mais ils ont plutôt procédé par transfert non apparenté.

Le jeune couple — et sans doute leurs trois enfants qui désireront un jour prendre la relève — se lance dans la production de fines herbes, micropousses, fleurs comestibles et légumes-feuilles sur l’île d’Orléans. Entreprenants de nature, Marc-André et Daphnée foncent vers le début d’une belle aventure qui ne sera cependant pas de tout repos!

Un intérêt marqué pour cultiver son savoir-faire et le transmettre à ses étudiants

Depuis l’été 2015, Marc-André enseigne l’horticulture au Centre de formation professionnelle Fierbourg dans la région de Québec. Lui-même formé dans cette branche à Fierbourg il y a une dizaine d’années, il retire un grand plaisir à transmettre sa passion à ses étudiants. Tout en terminant son baccalauréat en enseignement, Marc-André enseigne en préconisant une approche terrain pour s’assurer que ses étudiants aient tous les outils en main pour bien percer dans le domaine. En parallèle, il possède l’entreprise Sapin de Noël Bouchard.

Membre dynamique de la Relève agricole de la Capitale-Nationale–Côte-Nord, Marc-André ne rate pas une occasion de valoriser la profession agricole auprès de ses étudiants en horticulture. Travaillant et pragmatique, il possède l’expérience et l’aplomb pour percer. « Il faut être perspicaces, foncer et proposer un produit de qualité. Je ne vendrais pas un produit que je ne consomme pas », souligne-t-il.

Pour sa part, Daphnée possède une formation universitaire en science politique, philosophie, arts visuels et en sciences humaines. Elle prévoit poursuivre des études au certificat en administration, en entrepreneuriat en gestion de PME, afin de consolider ses acquis en gestion et développer des stratégies lui permettant de bien administrer la ferme. Elle s’intéresse à l’agriculture, à l’horticulture et au domaine agroalimentaire depuis de nombreuses années. Tout comme Marc-André, Daphnée a travaillé dans divers commerces alimentaires au Québec et également en France, en hôtellerie et restauration. « J’ai toujours aimé bien manger et avoir un jardin à proximité. C’est le gage d’une bonne bouffe réussie. C’est ce que nous voulons offrir à nos clients : un jardin pour leurs créations culinaires », confie Daphnée.

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Crédit photo : Francis Bouchard

Un nouveau terrain de jeu sur l’île de Bacchus

Marc-André se considère privilégié de pouvoir s’installer dans le décor champêtre de Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans. Impatient de se mettre au travail, il a déjà un plan de match assez précis pour commercialiser ses produits et se distinguer dans un milieu compétitif. « Daphnée a beaucoup travaillé dans le domaine de la restauration, ce qui nous assure déjà de bons contacts dans ce milieu pour vendre nos fines herbes. Nous aurons également les magasins d’alimentation comme principaux clients ».

Reprenant les rênes de l’entreprise Les fines herbes par Daniel, il veillera à en perpétuer certains aspects, tout en innovant et en développant de nouvelles productions moins connues comme les légumes-feuilles, de nouvelles variétés de fleurs comestibles et d’autres pousses. Pour s’assurer d’une transition douce et efficace, M. Richard Coulombe demeurera copropriétaire pendant quelque temps, tout comme l’ancien propriétaire André Gosselin, qui restera dans les parages le temps d’assurer la continuité de l’entreprise fondée dans les années 1990.

« On ne se le cachera pas, le financement est le nerf de la guerre. Il faut savoir prendre les conseils de ceux qui nous précèdent, ne pas aller trop vite. On est jeunes, fougueux et pleins d’idées. On a tendance à vouloir tout faire en même temps. Il faut donc prendre le temps de bien évaluer la situation et de s’écouter. Pour le plan d’affaires, il doit être concis et on doit penser à tout. Un oubli peut amener des conséquences considérables pour l’entreprise. Il est donc important de demander conseil à des organismes, des amis. Toute information doit être prise en considération pour faire avancer le projet dans la bonne direction », précise Marc-André.

Éternels optimistes, les deux entrepreneurs entrevoient leur avenir professionnel d’un œil confiant. « Plusieurs défis nous attendent, mais ont est convaincus que le chemin qu’on emprunte est le bon ». Reconnaissants envers leur entourage, Marc-André et Daphnée lancent également une fleur à Cathy Chenard, qui les a mis en contact avec MM. Gosselin et Coulombe dans le cadre du projet de mobilisation de la relève agricole dans la Capitale-Nationale. Tout compte fait, c’est un beau travail d’équipe qui les a menés jusque-là!

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Crédit photo : Daphnée Guillemant

Par Marc Lebel-Racine
Coordonnateur interrégional Nord, FRAQ