Le calendrier 2020 histoire à succès est un projet qui présente 12 jeunes familles d’agriculteurs de la région d’Abitibi-Témiscamingue. En juillet, nous vous présentons :

 

 

Située à St-Bruno-de-Guigues, Miel Abitémis est une entreprise familiale bien établie au Témiscamingue qui produit du miel non-pasteurisé depuis plus de 30 ans. «L’an passé, on a finalisé notre 2e transfert dans l’entreprise en y intégrant ma sœur, Marie-Noël Tétreault, et mon beau-frère, Vincent Coutu-Loiselle, à titre d’actionnaires », explique l’aîné de la famille, Guillaume Tétreault, qui s’est joint à l’entreprise, en 2008.

Malgré leurs diplômes universitaires, sans lien apparent avec l’apiculture, Guillaume, Marie-Noël et Vincent ont tous décidé de se consacrer aux abeilles, un peu comme l’avait fait, Germain Tétreault, le patriarche de la famille. «J’aime travailler avec mon père, affirme Guillaume, fier de ce qu’ils ont accompli ensemble. C’est un excellent mentor, car il donne son avis, mais sans jamais nous mettre de barrière.»

Ainsi, depuis l’arrivée de la relève, Miel Abitémis n’a cessé de croître. «Avant, on comptait près de 1000 ruches et 4-5 employés, alors que maintenant, on parle davantage de 3000 ruches et, près de 20 employés dont 7-8 saisonniers », affirme Guillaume, précisant que le recrutement n’est, pour l’instant, pas un problème au sein de l’entreprise.

Miel Abitémis est basé sur un modèle de production de miel. « J’adore produire un bon volume de miel de qualité tout étant en contact avec la nature, c’est-à-dire les fleurs dans le bois, les champs de foins, les champs de grandes cultures, etc. Il faut savoir que la qualité du miel varie selon les fleurs disponibles. Le miel de juin ne goûtera pas la même chose que le miel d’août. C’est pourquoi nous faisons 2 à 4 rondes par année pour ramasser le miel. Ça coûte plus cher, mais le miel est de plus grande qualité. C’est comme si quelqu’un faisait 4 coupes de foin au lieu de 2 », illustre Guillaume.

Ce type de modèle fait en sorte que Miel Abitémis est très dépendant de ce qui se cultive dans le domaine agricole. «Malheureusement, depuis une dizaines d’années, j’observe une forte décroissance du nombre et des sortes de fleurs à polliniser. De simples initiatives comme de fleurir le bord des chemins pourrait nous donner un sérieux coup de pouce, pas seulement pour les abeilles, mais pour tous les pollinisateurs naturels.»

Dans le Sud de la province, c’est plutôt le modèle d’affaires de pollinisation qui prédomine. Ce dernier consiste à déplacer des ruches en fonction des besoins des cultures maraîchères et de petits fruits comme les pommes, les bleuets, les canneberges, etc. L’objectif premier est de polliniser les cultures, et non de produire une grande quantité de miel. «Il est vrai qu’on a environ 1000 ruches dans les bleuetières locales de Guérin et du Montreuil, mais, la vision de l’entreprise n’est pas de déplacer sans arrêt les ruches du point A au B en fonction des autres cultures.»

Et, les années se suivent, mais ne se ressemble pas. «En 2019, nous avons eu une super année avec seulement 10% de mortalité, se souvient Guillaume, mais 2018 a été catastrophique. Nous avons perdu beaucoup de ruches en raison d’un mois de septembre extrêmement chaud. Nous avons eu de la difficulté à contrôler les parasites.»

Cette instabilité force l’entreprise à constamment innover. «À chaque année, on essaie toujours de nouvelles méthodes de travail comme, pour ramasser le miel, on peut expérimenter jusqu’à 3 techniques différentes en quelques mois. C’est perpétuel. Pour 10 idées, t’en aura sans doute une de bonne», s’exclame Guillaume.

Et, le meilleur conseil à donner à quelqu’un qui trippe sur l’apiculture? Selon Guillaume, il y a plusieurs façons de travailler selon les régions, le climat, la technologie, etc. Avant de se lancer, il faut vraiment aller voir d’autres réalités. C’est la meilleure façon d’apprendre, parce que oui, il y a l’école et les cours, mais personnellement, ça te prend plus que ça. « Les abeilles, c’est bien du feeling. »