Dans quelques jours, nous serons déjà rendus en mars, le mois du printemps, du réveil de la nature et du sirop qui coule. Le fameux temps des sucres, si propre à notre culture et notre identité.

Chaque année, nous avons l’habitude d’entendre un groupe de producteurs contestataires, qui remet en question la mise en marché collective de cette production, mise en place en 2002 par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Même si ce groupe ne représente qu’une poignée de l’ensemble des producteurs acéricoles, le ministre a soudainement décidé de leur donner de l’importance, en lançant une enquête sur l’efficacité de cette production typiquement nord-américaine. Ce travail part du constat que le Québec aurait soi-disant perdu 10 % de part de marché dans les 10 dernières années, ce qui est totalement faux.

Monsieur Florent Gagné, mandaté pour réaliser ce rapport, l’a déposé au ministre en octobre dernier, ce dernier l’ayant présenté il y a seulement deux semaines. On y trouve des recommandations très dangereuses pour tous les producteurs, toutes productions confondues, affectant l’un des piliers de notre agriculture. Je ne parlerai pas du contingent de sirop d’érable ni de la réserve stratégique, la fédération ayant déjà fait un bon travail de communication sur le sujet. Je vais plutôt me concentrer sur la mise en marché collective. Monsieur Gagné recommande notamment que le ministre de l’Agriculture puisse avoir un droit de regard sur nos plans conjoints et autres outils de mise en marché, et de les modifier.

Le premier plan conjoint que les producteurs se sont voté et ont mis en place a maintenant 60 ans, il couvre le secteur du bois. Nos pères et nos grands-pères se sont dotés de ces fabuleux outils pour négocier de meilleurs prix avec les volumes de toute une production. C’est grâce aux plans conjoints que nous pouvons partager des coûts de transport collectivement, que nous pouvons faire de l’agriculture dans les régions éloignées et dynamiser nos territoires ruraux. Il est crucial de se rappeler que ces outils de mise en marché ont été travaillés par des producteurs et votés par des producteurs. C’est ce qu’on appelle la démocratie. Ils assurent aussi aux acheteurs du volume et de la qualité, ils n’ont pas avantage à ce qu’ils soient modifiés.

Prétextant un ralentissement de la production, le ministre a décidé de commencer à déstructurer le secteur agricole le plus cher aux Québécois, au moment même où les producteurs sont en train d’entailler. Ce n’est certainement pas un hasard… Pourtant ce sont bien 1200 producteurs qui ont bravé la neige et le verglas 4 jours après le dépôt du rapport.

Aujourd’hui je fais appel à la solidarité. Les acériculteurs sont touchés, mais demain ce sont toutes les productions avec une mise en marché organisée qui seront atteintes. Moi, le producteur laitier, je suis aux côtés de mes confrères du sirop pour qu’on puisse garder l’intégrité de notre mise en marché collective. Si mon père et mon grand-père ont travaillé ces outils pour se sortir de la misère, et bien je ne compte pas y patauger à mon tour. Tous avec nos acériculteurs! Tous pour l’avenir de notre agriculture!

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Pascal Hudon

Président de la FRAQ